A Villeurbanne, des locataires vivant dans des conditions indignes dénoncent leur bailleur délinquant

Le 15 mai, les locataires appellent à l’aide un député et une élue

Villeurbanne, mai 2025 – Les 37 locataires de l’immeuble du 15 rue Baudelaire vivent dans des conditions indignes. Humidité constante, moisissures qui rongent les murs, froid glacial en hiver, fenêtres cassées, murs délabrés… Et tout cela, pour des loyers au-dessus de la légalité. Derrière ces abus, un seul propriétaire : Laurent Dresler, gérant de 7 sociétés immobilières, détenteur de 2,4 millions d’euros de parts, bailleur multi-propriétaire… et pourtant, délinquant et irresponsable.

Ce jeudi 15 mai, les locataires lancent l’alerte. À 15h30, ils demanderont à Agnès Thouvenot, adjointe au logement de Villeurbanne, d’intervenir pour faire respecter la loi ou d’exproprier le bailleur inconvenant. À 16h30, ils accueilleront le député Gabriel Amard pour une visite guidée de leur résidence - un parcours sarcastique présentant toutes les « prestations uniques » qui, selon le bailleur, justifieraient les loyers illégalement gonflés.

Un bailleur rentier multimillionnaire, hors-la-loi et irresponsable

Nathalie, Anaïs, Crina, Lucien et d’autres locataires ont découvert que leur bailleur leur aurait soutiré plus de 30 000 € en 3 ans, en ne respectant pas l’encadrement des loyers en vigueur à Villeurbanne. Il justifie ces montants excessifs par des « prestations exceptionnelles », mais complétement absurdes comme l’accès à une cour ou à une machine à laver collective. Pire encore : l’immeuble a été découpé sans autorisation en 37 studios, tous concernés par des problèmes graves d’humidité, de moisissure, de froid, et de vétusté. Face à leur bailleur, les locataires ont décidé de ne plus subir. Réunis au sein du syndicat Locataires Ensemble du Grand Lyon, ils ont engagé des démarches auprès de la Préfecture et de l’État. Aujourd’hui, ils lancent l’alerte publiquement, et appellent la municipalité et les responsables politiques à intervenir pour faire respecter leurs droits et leur dignité.

Un cas typique des exemptions d’obligation de rénovation

En 2024, le gouvernement a modifié le calcul du DPE pour les logements de moins de 40m² pour sortir artificiellement de nombreux logements de la catégorie des passoires thermiques. Conséquence : les studios de la résidence Baudelaire sont désormais exemptés des obligations de rénovation, même si les conditions de vie y sont désastreuses. « Pendant 3 semaines en plein hiver, je n’ai pas pu fermer correctement ma fenêtre. » explique Anaïs. « Toutes les semaines, je dois nettoyer les moisissures sur mes murs. » témoigne Nathalie.

Une nouvelle loi, votée au Sénat en avril et bientôt débattue à l’Assemblée, prévoit d’ajouter encore davantage de dérogations pour les bailleurs. Une aubaine pour les multipropriétaires comme Laurent Dresler, mais un coup de massue pour des locataires déjà en souffrance.

“Un droit de grève des loyers dans les passoires pour sortir de l’impuissance”

Contrairement à ce que répand l’UNPI, le « petit propriétaire » en difficulté à cause des obligations de rénovation est une exception. Le marché locatif privé est accaparé par une poignée de privilégiés : 3,5 % des propriétaires possèdent 50 % des logements. « La loi doit protéger la dignité et la santé des locataires, pas les profits des rentiers des passoires thermiques », déclare Salim Poussin, porte-parole des Locataires Ensemble. « Ce qu’on demande c’est un vrai droit de grève des loyers dans les logements indécents pour sortir de l’impuissance face aux bailleurs qui abusent ».

Crédit Photo : Pieter Vandromme